L’usage du cannabis par les mineurs : entre répression et prévention. Le rôle essentiel des Maisons de Jeunes

5 Mai, 2025 | Juridique

La consommation de cannabis chez les jeunes reste une réalité préoccupante en Belgique. Alors que le débat public oscille entre répression, dépénalisation et prévention, il est essentiel de rappeler que le cannabis est toujours illégal, même s’il existe des régimes de tolérance limités pour les adultes. Pour les Maisons de Jeunes (MJ), qui accueillent un public de 12 à 26 ans, cette thématique ne peut être ignorée. Elles ont un rôle clé à jouer dans l’information, la prévention et l’accompagnement.

Le cadre légal : un interdit clair, même pour de petites quantités

En Belgique, contrairement à certaines idées reçues, le cannabis n’est pas légal. La loi du 24 février 1921 interdit tout acte lié aux drogues : obtention, détention, consommation, vente, transport, etc. Depuis les années 2000, certaines circulaires ont introduit une tolérance très encadrée pour les adultes : un majeur peut, dans certains cas, détenir jusqu’à 3 grammes de cannabis, à condition que cela reste dans un cadre strictement personnel, sans trouble à l’ordre public.

Mais pour les mineurs, il n’y a aucune tolérance : la détention ou la consommation de cannabis, quelle qu’en soit la quantité, est un délit. En cas de contrôle, la police dresse un procès-verbal ordinaire, transmis au juge de la jeunesse. Ce dernier peut prendre diverses mesures : information des parents, travail d’intérêt général, suivi éducatif, voire placement, selon les circonstances et les antécédents.

À noter également que la détention, même de petites quantités, est interdite dans les établissements scolaires, les institutions de protection de la jeunesse, les établissements pénitentiaires et les lieux publics comme les Maisons de Jeunes, ce qui les place en première ligne dans la gestion de ces situations.

Marteau et balance de la justice

Le rôle central des Maisons de Jeunes dans la prévention

Face à cette réalité, les MJ sont des acteurs privilégiés pour développer des actions de prévention, de sensibilisation et d’accompagnement. Elles représentent souvent un espace de libre parole et de confiance pour des jeunes qui ne se sentent pas forcément écoutés ailleurs.

Concrètement, les équipes peuvent :

  • Organiser des ateliers ou débats sur les drogues, les risques associés, et les réalités légales ;
  • Inviter des intervenants spécialisés (centres de planning, services d’aide à la jeunesse, police de proximité) ;
  • Proposer un accompagnement individuel en cas de consommation ou de questionnement personnel ;
  • Faire le lien avec des services spécialisés, comme les Centres de santé mentale ou le Service Droit des Jeunes.

L’objectif n’est pas de “faire la morale”, mais d’informer sans juger, de créer des moments d’échange sincères et de responsabiliser les jeunes en les aidant à comprendre les conséquences de leurs actes, y compris sur le plan juridique.

Discussion entre un adulte et une jeune fille

Des situations concrètes : que faire en tant qu’animateur ?

Si un jeune consomme du cannabis dans une MJ, il est important de rappeler calmement que le lieu est public et que la détention y est strictement interdite par la loi, même pour un adulte. Le dialogue doit primer sur la confrontation : cela peut être l’occasion d’un entretien individuel, voire d’un suivi plus approfondi si la consommation devient régulière ou problématique.

Dans tous les cas, les MJ ne sont pas seules. Elles peuvent s’appuyer sur des réseaux locaux de prévention, des partenariats avec des professionnels de la santé ou de la justice, et des outils pédagogiques adaptés.

Discussion entre un adulte et un adolescent

Conclusion : prévenir plutôt que punir

L’usage du cannabis par les jeunes reste illégal et peut avoir des conséquences juridiques graves, en particulier pour les mineurs. Mais la solution n’est pas uniquement répressive. Les Maisons de Jeunes ont un rôle fondamental à jouer dans la prévention, en étant des lieux d’écoute, de dialogue et de responsabilisation. En créant un climat de confiance, en donnant la parole aux jeunes et en les accompagnant sans les stigmatiser, elles participent activement à une approche équilibrée et humaine d’un sujet complexe.

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