Créer pour se construire : Créativité et mieux-être chez les jeunes

7 Août, 2025 | Jeunesse et engagement

“Je ne sais pas dessiner”, “Je n’ai pas de talent”, “Je ne suis pas artiste”…

Ces affirmations, fréquentes tant chez les adolescents que chez les adultes, traduisent bien souvent moins un véritable manque d’aptitude qu’un déficit de confiance en soi. Pourtant, la créativité est une faculté universelle, présente dès la petite enfance, mais dont la flamme tend à s’éteindre sous l’effet d’un conditionnement imposé par les normes scolaires, la peur ou diverses injonctions extérieures. Afin de nourrir et d’explorer ce potentiel créatif propre à chacun, les Maisons de Jeunes peuvent offrir un espace d’expérimentation bienveillant où la participation est volontaire et où le plaisir de créer redevient moteur. 

La créativité au cœur du processus de transformation

Il convient de distinguer la créativité, entendue comme une disposition intérieure, un élan imaginaire et symbolique propre à chaque individu, de la création artistique, qui en est l’expression concrète, sensible, parfois visible ou partageable. 

Chez de nombreux jeunes, mobiliser la créativité dans un processus de création permet de projeter, de transformer et de donner forme à ce qui échappe au langage. Dessin, collage ou modelage deviennent autant de langages non-verbaux par lesquels ils peuvent explorer leurs émotions, représenter leurs vécus ou reconfigurer symboliquement ce qui les habite. Ce processus créatif constitue ainsi un levier d’apaisement, de mise en sens et de revalorisation de soi.

Même hors de tout cadre thérapeutique formel, de nombreuses études mettent en évidence les bénéfices psychiques de la pratique artistique : amélioration de l’estime de soi, régulation des émotions, diminution de l’anxiété ou encore renforcement de la concentration et du sentiment de compétence. Ces effets rejoignent ceux observés dans le champ de l’art-thérapie moderne, discipline qui reconnaît dans le simple acte de créer un potentiel thérapeutique en soi sans obligation d’interprétation ni de verbalisation. Ainsi, même si on ne se revendique pas art-thérapeute, l’animateur ou l’animatrice peut proposer un cadre suffisamment porteur pour faire de l’atelier artistique un refuge symbolique, particulièrement précieux pour les jeunes en difficulté d’expression ou en situation de rupture.

Clés pour favoriser l’émergence de la créativité en Maisons de Jeunes

Le sentiment d’illégitimité ou la crainte du regard des autres peuvent freiner l’élan créatif des jeunes. C’est pourquoi il est essentiel d’établir un espace d’expression libre qui valorise la curiosité, l’expérimentation et le droit à l’imperfection.

L’expérience artistique gagne encore plus en puissance lorsqu’elle prend place au sein d’un groupe. Participer à une œuvre collective telle qu’une fresque murale, un court-métrage, une exposition ou encore une fanzine favorise l’écoute, la coopération et la reconnaissance mutuelle. Le groupe devient alors un espace de socialisation et d’appartenance où chacun peut s’exprimer à sa manière et contribuer à une narration partagée.

Dans cette optique, certains principes issus de la pratique de l’art-thérapie peuvent inspirer les pratiques éducatives et d’animation en milieu non clinique, notamment dans les Maisons de Jeunes. En voici quelques-uns :

  • Créer un cadre chaleureux et sécurisant, propice au lâcher-prise et à la prise de risque créative.
  • Privilégier le processus créatif plutôt que la qualité du résultat final.
  • Proposer des consignes ouvertes, inspirantes et accessibles qui stimulent l’imaginaire sans contraindre ; illustrer par des exemples ou des références peut rassurer sans formater.
  • Diversifier les médiums et les techniques (papier, argile, tablette, peinture, collage, photo, etc.) afin de répondre à la pluralité des sensibilités.
  • Adopter une posture de facilitateur·rice : accompagner sans interpréter, suggérer sans imposer, encourager la curiosité et l’expérimentation.
  • Accueillir le silence et le non-verbal comme des formes d’expression légitimes.
  • Favoriser la réflexivité en proposant un moment de retour sur le vécu créatif.

Conclusion

Dans une société où les logiques de performance, de rentabilité et de conformité dominent, il devient essentiel de réaffirmer la valeur éducative, relationnelle et existentielle de la création artistique. En accueillant la créativité sous toutes ses formes, les Maisons de Jeunes peuvent devenir des espaces privilégiés d’exploration, d’émancipation et de lien social. La création y est alors réhabilitée non comme une compétence réservée à quelques élites, mais comme un levier de mieux-être, de confiance et de construction de soi.

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