Nous sommes tous des étrangers : quand la jeunesse danse pour éveiller les consciences !

13 Mai, 2025 | Maison de Jeunes

« Et on revient au message final qui est : Lève-toi, foule. On ne demande pas des actions folles. On n’est pas idéaliste, ni utopiste. Mais on peut se lever. Et dire quelque chose. »

Ces mots résonnent encore dans le Théâtre Marignan, à Charleroi. Ce dimanche 4 mai, la Maison des Jeunes des Gais Lurons a présenté un spectacle pas comme les autres : un cri poétique, un appel citoyen, un geste artistique par et pour les jeunes, accompagné·es par des animateurs, dont certain.es sont artistes professionnel·les.

« Nous sommes tous des étrangers ». Derrière ce titre fort, une réflexion collective : comment construire une société où chacun·e peut participer pleinement ? Comment donner la parole à celles et ceux que l’on rend invisibles ? Comment remettre en question les normes dominantes, et créer un espace où les différences sont non seulement tolérées, mais célébrées ?

Les animateurs ne s’en cachent pas : ce spectacle est un acte engagé et politique. « On a constaté une libération de la parole raciste sur les réseaux sociaux, parfois même chez certains parents de nos jeunes. Ça les a blessés. Ils ont été choqués. Et plutôt que de laisser ce choc devenir un silence ou un repli, on a voulu le transformer en réflexion, en expression, en création. » L’objectif n’était pas seulement de monter un spectacle, mais de former des citoyens : responsables, critiques, solidaires. C’est, comme le rappellent les équipes, « l’ADN même d’une Maison de Jeunes ». Cette posture, ce positionnement, est déjà un acte fort.

Le projet artistique ne s’est pas contenté de s’appuyer sur des choix esthétiques. Il est né d’un bouillonnement d’idées, de ressentis, de tensions, de dialogues. Des formations ont été proposées aux jeunes sur la diversité, la cohabitation des différences, l’inclusion dans les ateliers. Et puis, il y a eu un déclic. La volonté étaient d’aborder ces thèmes de façon universelle. Le choix des poissons comme métaphore permettait à chacun de s’y retrouver.  Dans ce monde sous-marin imaginé par les jeunes, les poissons, les poulpes, les mybuses (et autres créatures marines inventées) incarnent la diversité des corps, des voix, des parcours… La société !

« On est tous dans un même courant marin. Et dans ce courant, il y a des rencontres. C’est une cohabitation. Une épreuve aussi. Il faut bien se dire ça. »

Ce spectacle, c’est aussi une réponse à l’hypocrisie sociale, à ces « masques » que chacun porte pour s’adapter à un système normatif, parfois violent. C’est un espace où les jeunes peuvent penser le monde autrement, loin des clichés, des injonctions et des jugements.

« Moi, je suis arrivée à la MJ juste pour trouver une activité artistique. Et j’ai trouvé un engagement. Puis une famille. Et un sens. Le collectif, c’est important. »

L’art a ce pouvoir rare : celui d’éduquer la société sur les questions de discrimination, de sexisme, de racisme, de transphobie et autres formes d’oppression. Non seulement il touche l’émotionnel, mais il ouvre des espaces de réflexion et de dialogue que les discours politiques ou académiques peinent parfois à créer. Là où les mots s’arrêtent, le geste, la voix, l’image ou le corps prennent le relais pour bousculer les consciences, provoquer l’inconfort et semer les graines du changement.

L’art devient alors un langage de résistance, un miroir de la réalité et un outil de transformation collective. Une alternative éducationnelle pour une société en crise, parce que former un·e citoyen·ne, ce n’est pas remplir un cerveau. C’est cultiver une conscience, une responsabilité, une capacité à ressentir l’injustice et à vouloir la transformer au vivre ensemble. Et ces approches éducatives ne sont pas isolées. Elles s’inscrivent pleinement dans les méthodologies et les valeurs portées par notre Fédération de Centres de Jeunes et Organisation de Jeunesse (FORJ). Nous partageons cette conviction forte : l’éducation passe aussi par l’expérience, par l’expression artistique, par le collectif.

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