L’objectif des maisons de jeunes est avant tout de former des CRACS : des citoyen·ne·s responsables, actif·ve·s, critiques et solidaires.
Certains me diront peut-être que cet article aurait dû être publié le 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. C’est vrai. Mais à cette date, notre nouveau site n’était pas encore en ligne. Et surtout, les droits des femmes ne se défendent pas seulement un jour par an : ils doivent être portés au quotidien.
Et c’est peut-être là le nœud du problème : si l’on parle encore de combat pour les droits des femmes, c’est bien qu’un profond déséquilibre subsiste dans notre société.
Un peu d’histoire
Les droits des femmes n’ont rien d’acquis et ne sont pas une évidence historique. Chaque avancée a été le fruit de luttes souvent longues et difficiles. Quelques dates clés en témoignent :
- 1791 : Olympe de Gouges publie la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, revendiquant l’égalité entre les sexes. Elle sera guillotinée en 1793.
- 1893 : La Nouvelle-Zélande devient le premier pays à accorder le droit de vote aux femmes.
- 1944 : En France, les femmes obtiennent le droit de vote (en Belgique, ce sera en 1948).
- 1967 : La loi Neuwirth autorise la contraception en France (en Belgique, il faudra attendre 1973).
- 1971 : Le manifeste des 343 en France, où des femmes célèbres déclarent avoir avorté illégalement, accélère la dépénalisation de l’avortement.
- 1990 : En Belgique, le roi Baudouin abdique temporairement pour ne pas signer la loi dépénalisant partiellement l’avortement.
- 2017 : Le mouvement #MeToo éclate, dénonçant les violences sexuelles et le harcèlement subis par les femmes dans le monde entier.
Comme on le voit, ces évolutions ne datent pas d’un lointain passé. Trop longtemps, les droits de l’homme ont été pensés par des hommes, pour des hommes. Même la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 a été signée par des représentants masculins de nations où, dans certains cas, les femmes n’avaient même pas encore le droit de vote. On pourrait ainsi dire qu’on naît égaux en droits… sauf si l’on est né femme. Interpellant, non ?

Et les maisons de jeunes dans tout ça ?
Les maisons de jeunes ne sont pas exemptes des dynamiques inégalitaires de la société. Je serais curieux d’analyser les chiffres de fréquentation de nos MJ, si l’on exclut les cours de danse, souvent prisés par les jeunes filles. Historiquement, les MJ ont été perçues comme des lieux à dominante masculine.
Lors de mes débuts professionnels, j’ai travaillé dans une MJ spécialisée dans les cultures urbaines. La présence féminine y était faible, aussi bien parmi les jeunes que dans l’équipe d’animation. Pourtant, une chose était claire : la mixité change la dynamique.
Comment favoriser l’inclusion des jeunes filles dans nos MJ ?
Plusieurs pistes peuvent être envisagées :
- Embaucher des animatrices : sans instaurer de quotas, une équipe mixte apporte des perspectives différentes et diversifie naturellement le public.
- Créer des espaces sécurisants : certaines jeunes filles hésitent à fréquenter des lieux où elles se sentent minoritaires ou invisibilisées. Des activités ciblées ou des temps de parole spécifiques peuvent encourager leur participation.
- Lutter contre les comportements sexistes : les MJ doivent être des espaces de respect et d’apprentissage de l’égalité. Il est essentiel d’expliquer que l’humour n’excuse pas tout, que l’insistance peut être du harcèlement, et que chacun doit se sentir libre de s’exprimer sans crainte.

Inclure les garçons dans le combat pour l’égalité
L’erreur souvent commise lorsqu’on parle des droits des femmes, c’est de croire que ce combat ne concerne que les femmes. Or, l’égalité ne peut être atteinte sans l’implication des garçons et des hommes.
Dès le plus jeune âge, les garçons doivent être sensibilisés aux notions de respect, de consentement et d’égalité. Trop souvent, on considère que l’éducation féministe doit se limiter aux filles, en leur apprenant à se protéger, à dire non, à se défendre. Mais on oublie l’autre moitié du travail : apprendre aux garçons à respecter, à ne pas insister, à voir les filles comme leurs égales et non comme des conquêtes ou des adversaires dans un rapport de force.
Dans cet objectif, les maisons de jeunes ont un rôle fondamental à jouer. Elles doivent être des lieux où l’on parle d’égalité, où l’on débat de sujets comme le consentement, le harcèlement, la répartition des tâches domestiques, l’image des femmes dans les médias ou encore l’impact des stéréotypes de genre sur les choix de vie.
Créer des espaces de dialogue entre garçons et filles, encourager des activités mixtes qui sortent des clichés et responsabiliser les jeunes garçons sur leur rôle dans la société sont des actions qui, à long terme, contribueront à faire évoluer les mentalités.
Le rôle des MJ : éduquer à l’égalité
Le S de CRACS signifie solidaire, et cette solidarité doit être universelle.
J’ai toujours pensé que l’éducation était la clé, et cela vaut particulièrement pour la lutte en faveur des droits des femmes. Il faut :
- Éduquer nos filles, pour qu’elles n’acceptent plus l’inacceptable et sachent revendiquer leurs droits.
- Éduquer nos fils, pour qu’ils grandissent dans le respect et la bienveillance, sans reproduire inconsciemment les inégalités héritées du passé.
Les maisons de jeunes ont un rôle clé à jouer. Elles doivent être des lieux de diversité, d’ouverture et de dialogue, où chacun et chacune peut se sentir légitime.

Une mission qui reste d’actualité
Les droits des femmes ne sont ni un acquis, ni une évidence. Ils doivent être défendus en permanence, et cela passe avant tout par un changement de mentalités.
For’J a toujours porté des valeurs progressistes, et cela ne changera pas. Notre engagement envers l’égalité, la justice sociale et l’émancipation des jeunes restera au cœur de nos actions.